Seed Cycling : Qu’est-ce que c’est ?

Largement relayé sur les réseaux sociaux ces dernières années, le « seed cycling », autrement dit le « cycle des semences » en français, promet de rééquilibrer le cycle hormonal féminin grâce à la consommation de graines oléagineuses. Plébiscité outre-atlantique pour ses vertues sur l’acné hormonale, le SOPK, l’endométriose ou la fertilité, qu’en est-il vraiment ? Quel est son action sur le cycle menstruel ? Comment le pratiquer ? Ses effets sont-ils prouvés ? Dans cet article, nous allons tenter de vous apporter plus de clarté sur les bienfaits réels ou potentiels du seed syncing au regard des études scientifiques.

Seed cycling : qu’est-ce que c’est ?

Le « seed cycling » ou « seed syncing » est une pratique nutritionnelle qui a pour objectif d’améliorer l’équilibre du cycle hormonal féminin en consommant 4 types de graines :

  • les graines de courge ;
  • les graines de lin ;
  • les graines de sésame ;
  • les graines de tournesol.

Chacune d’entre elles va agir différemment sur les hormones produites tout au long du cycle menstruel.

👉 Quel est l’intérêt d’appliquer le « seed cycling » ?

Cette méthode, enseignée au travers de la naturopathie ou d’autres médecines alternatives, a de nombreuses adeptes. notamment aux Etats-Unis.

En rééquilibrant les taux hormonaux, les désagréments liés au cycle menstruel se réduisent en agissant à la fois sur la phase folliculaire et sur la phase lutéale. De plus en plus de femmes y trouvent des bénéfices, que ce soit dans la prise en charge du Syndrome Prémenstruel (SPM), du Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK), de l’acné hormonale, de l’endométriose ou de l’infertilité.

Cependant, à ce jour, peu de références scientifiques permettent de valider l’ensemble de ces effets. Nous allons tenter d’y voir un peu plus clair sur ses bienfaits réels.

Comment fonctionne le seed syncing ?

Une méthode basée sur les phases du cycle menstruel

Pour comprendre le fonctionnement du seed cycling, il est important de rappeler les spécificités des 2 phases du cycle hormonal féminin :

La phase folliculaire

Elle démarre le premier jour des règles et dure jusqu’à l’ovulation. Sous l’action de la FSH, l’hormone folliculo-stimulante, les follicules vont maturer petit à petit et l’endomètre va s’épaissir. On observe alors une augmentation du taux d’œstrogènes. Lorsqu’un follicule atteint son stade de maturité, c’est l’ovulation. Il se produit à ce moment-là un pic de LH, l’hormone lutéinisante.

La phase lutéale

À la suite de l’ovulation, débute la seconde partie du cycle. On voit apparaître la production de progestérone. Cette hormone est sécrétée par le corps jaune. Le rôle de la progestérone est de maintenir les conditions favorables à la nidation et l’implantation de l’œuf. Cette phase postovulatoire dure 14 jours (entre 11 et 16 jours). Ce n’est qu’à la fin de cette période que le taux de progestérone va chuter en cas de non-fécondation, ce qui va déclencher les règles.

📌 Pour que le cycle marche bien, sans désagrément, les hormones doivent être en harmonie, sécrétées au bon moment et dans les bonnes proportions. Ainsi, un trop fort taux d’œstrogènes (ou trop faible) provoquera des conséquences en cascade : anovulation, règles irrégulières, douleurs menstruelles. Son impact s’étendra aussi sur la santé des os, l’équilibre mental, le fonctionnement du foie, etc. Préserver cet équilibre subtil orchestré par notre corps et notre cerveau est donc indispensable.

▶ Pour mieux comprendre votre cycle et apprendre à l’observer, je vous invite à lire mon article complet sur la méthode symptothermique : la symptothermie, un moyen de contraception naturel

En pratique : les 4 graines à consommer

Le secret du seed cycling réside dans la consommation de graines oléagineuses, riches en phyto-œstrogènes, lignanes et en acides gras type oméga 3. Elles permettent de réguler les excès ou combler les manques en oestrogène et/ou progestérone et ainsi atteindre cet équilibre parfait. En pratique, le seed cycling consiste à consommer 2 cuillères à soupe de graines broyées tous les jours pendant les deux parties du cycle. Il débute au premier jour des règles :

Du 1er jour des règles jusqu’à l’ovulation (phase folliculaire)

Ajouter à ses plats une cuillère à soupe de graines de lin et une de graines de courge, tous les jours jusqu’à l’ovulation. Cette période s’étend en moyenne du jour 1 au jour 14 du cycle, mais sa durée peut varier d’une femme à l’autre.

De l’ovulation jusqu’au retour des règles (phase lutéale)

Consommer une cuillère à soupe de graines de sésame additionnée d’une cuillère à soupe de graines de tournesol. Cette phase dure environ 11 à 16 jours.

Diagramme indiquant les graines à consommer selon les phases du cycle menstruel

Pour les consommer, c’est assez simple, il suffit de les parsemer un peu partout : dans vos porridges, vos soupes, vos smoothies, sur des tartines ou encore des salades. Un seul impératif : les broyer à l’aide d’un petit hachoir et les consommer immédiatement. L’important étant de respecter les quantités recommandées et de ne pas les faire cuire pour préserver leurs nutriments.

Les bienfaits des graines oléagineuses sur le cycle menstruel

Comme nous l’avons vu, la méthode met en jeu quatre graines différentes et se décompose en deux phases. Voyons ensemble les bienfaits de ces super-aliments sur les deux parties du cycle.

📌 Pendant la phase folliculaire

Les graines de lin

Elles sont riches en lignanes, qui sont des phyto-œstrogènes. Leur action mime ces hormones féminines mais elles sont 100 à 1000 fois moins puissantes. Elles ont néanmoins un pouvoir de maintien de l’équilibre en cas d’excès ou de manque.

L’association avec les graines de courge

Les graines de courge et de lin sont gorgées de magnésium. Ce dernier joue un rôle essentiel dans notre équilibre hormonal en agissant sur le fonctionnement du foie. Il va donc indirectement réguler les taux d’œstrogène, de progestérone et de testostérone mais également de cortisol, l’hormone du stress. Ainsi, dans le cadre du seed cycling, le magnésium réduirait l’intensité et la durée du SPM [2].

Mais on sait aujourd’hui qu’une grande majorité de la population est carencée en magnésium. Si on y ajoute du stress, cela amène le corps à surconsommer les réserves de ce micronutriment. L’alimentation est donc une clé essentielle pour équilibrer ses apports.

Autre avantage, ces graines sont riches en acides gras et en fibres, tous deux bénéfiques au fonctionnement du cycle. L’acide linoléique contenu dans les graines de lin et de courge va se transformer en différents acides gras dits essentiels qui vont eux-mêmes être à l’origine de la formation de prostaglandines. Un déséquilibre dans le métabolisme des prostaglandines peut causer un SPM plus ou moins important. L’apport d’acides gras essentiels via les graines va donc contribuer à rétablir le cycle et limiter le SPM. Les fibres quant à elles vont favoriser l’élimination des toxines et des œstrogènes grâce à leur action sur le péristaltisme intestinal. Elles seront donc particulièrement bénéfiques pour lutter contre un excès d’œstrogènes, pouvant provoquer des douleurs menstruelles.

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📌Pendant la phase lutéale

L’ingestion de graines de sésame et de tournesol va avoir pour objectif d’éliminer les éventuels excès d’oestrogène et de favoriser la production de progestérone.

Les graines de sésame

Les lignanes contenues dans les graines de sésame vont agir sur la diminution des œstrogènes (comme expliqué ci-dessus avec les lignanes des graines de lin).

Les graines de tournesol

Elles contiennent de la vitamine E qui va avoir une action non négligeable sur la phase lutéale. En effet, des études ont montré qu’elle améliore l’ovulation et la production de progestérone. Elle permettrait de réduire la douleur associée aux menstruations. Elles sont également riches en sélénium qui aurait une action sur la détoxification du foie et permettrait de diminuer les symptômes liés au SOPK. Enfin, le zinc présent dans les graines de tournesol va contribuer à limiter l’inflammation, ce qui est bénéfique en cas d’endométriose ou tout simplement pour préparer le corps à l’arrivée des menstruations.

Ce qu’en dit la science sur l’efficacité du cycle des semences

Ces explications permettent de comprendre l’impact de ces quatre types de graines sur l’organisme. Cependant, seulement quelques études scientifiques mettent en avant des preuves significatives quant à l’utilisation de cette méthode. On peut en citer deux particulièrement intéressantes.

Une première étude assez ancienne a mis en avant un effet notoire des lignanes contenus dans les graines de lin sur les excès d’œstrogène [3]. En effet, les lignanes augmenteraient la présence d’une protéine produite par le foie responsable de l’excrétion des œstrogènes et permettraient ainsi de rétablir un degré d’hormone optimal pour l’organisme. Or, on sait que de trop hauts niveaux d’œstrogènes contribuent à l’abondance des règles, aux douleurs menstruelles et mammaires, à l’endométriose et aux fibromes. La consommation quotidienne de graines de lin induirait donc une réduction de ces désagréments et pathologies du cycle menstruel.

Une autre étude, plus récente (2015) [4] a mis en avant une baisse significative du nombre de « kystes ovariens » ainsi que la taille des ovaires, chez les femmes atteintes de SOPK (Syndrome des Ovaires Polykystiques). Dans cette même étude, les auteurs relèvent que la supplémentation en graines de lin sur une durée de trois mois a entraîné un retour à la normale des cycles chez 33 % des femmes alors qu’elles avaient auparavant des cycles irréguliers.

Même si on manque encore de données récentes pour pouvoir affirmer l’intérêt de cette démarche sur le cycle féminin, les résultats rapportés jusqu’alors sont très encourageants. Au-delà d’une « méthode » à proprement parler, on peut plutôt voir le seed syncing comme un soutien nutritionnel. En complément d’une bonne hygiène de vie, il pourra améliorer le fonctionnement optimal de l’organisme.

Ce qu’il faut retenir

Les dysfonctionnements du cycle menstruel peuvent être multifactoriels. Cette méthode du seed cycling n’est donc pas à considérer comme la solution miracle à tous vos problèmes féminins. Si vous souhaitez vous lancer, nous vous conseillons vivement de vous faire accompagner par un. e naturopathe ou autre professionnel de santé qui saura vous conseiller en fonction de votre profil et identifier comment le seed cycling peut vous apporter des bénéfices.

Article co-écrit avec Emilie Gauvrit, naturopathe.

Qui suis-je ?
Isabelle Le Brun, naturopathe et professeure de yoga spécialisée en santé de la femme. Je vous accompagne à mon cabinet à Vannes, mais aussi en visio. J’ai crée le programme Souveraines pour mieux vivre vos émotions, être pleinement dans votre corps et en harmonie avec votre cycle menstruel.

Sources :

  • Phipps WR, Martini MC, Lampe JW, Slavin JL, Kurzer MS. Effect of flax seed ingestion on the menstrual cycle. J Clin Endocrinol Metab. 1993 Nov;77(5):1215-9. doi: 10.1210/jcem.77.5.8077314. PMID: 8077314. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8077314/
  • [2] Magnesium supplementation alleviaes premenstrual symptoms of fluid retention. Walker AF, Souza MCD, Vickers MF, Abeyasekera S, Collins ML, and Trinca LA. Journal of Women’s Health. 1998;7(9):1157-1165.
  • [3] Adlercreutz H, Hockerstedt K, Bannwart C, et al. Effect of Dietary Components, Including Lignans and Phytoestrogens, on Enterohepatic Circulation and Liver Metabolism of Estrogens and on Sex Hormone Binding Globulin (SHBG). Journal of Steroid Biochemistry. 1987; 27 (4–6): 1135-1144 https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0022473187902007?via%3Dihub
  • [4] Fatima Farzana K, et al. Effects of Flax Seeds Supplementation in Polycystic Ovarian Syndrome.International Journal of Pharmaceutical Sciences Review and Research. 2015;31(1), 113–119
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