Accueillir ses émotions : comment faire ?
Nos émotions rythment notre vie. Elles nous traversent du matin au soir comme un tourbillon : joie, tristesse, colère, peur, nostalgie… Et elles nous amènent à réagir, parfois de façon intense. Mais comment trouver le juste équilibre pour accueillir ses émotions ? Comment les reconnaître ? Et comment ne pas se laisser envahir par ses ressentis ? Après avoir défini ce que sont les émotions et les bénéfices à savoir les identifier, nous vous donnons ici quelques clés pour vivre en harmonie avec elles. Pour ne plus les appréhender mais au contraire, vous en libérer !
Reconnaître ses émotions pour mieux les laisser s’exprimer
Qu’est-ce qu’une émotion ?
« L’émotion est une certaine façon d’appréhender le monde » écrivait Jean-Paul Sartre. Plus pragmatique, le Larousse la définit comme « un trouble subi, une agitation passagère causée par un sentiment vif ». Mais cette définition est assez sommaire et peut être perçue da façon négative. Or, une émotion est à l’origine une réaction du corps à un stimulus. Si on regarde l’étymologie, le mot émotion vient du verbe « émouvoir », « emovere » en latin, que l’on peut traduire par « mettre en mouvement quelque chose de l’intérieur vers l’extérieur ». Il s’agit donc bien ici d’une expérience psychophysiologique qui s’avère complexe et intense pour l’être humain. Elle n’est ni bonne ni mauvaise, elle est là pour transmettre une information.
Si on revient des siècles en arrière voire des millénaires, on se rend compte que la nature a doté l’Homme d’émotions pour répondre très rapidement aux enjeux de l’environnement. L’émotion envoie un signal au corps qui prépare à l’action. La peur, par exemple, va mobiliser les muscles et accélérer le rythme cardiaque. Tout l’organisme va être en alerte et prêt à réagir pour fuir ou pour combattre. Les émotions servent également à la communication avec les autres et à l’apprentissage. Elles nous donnent des informations sur nous-mêmes. Sur ce qui est important ou non. Elles sont comme une boussole pour nous diriger dans la vie. Donc finalement, sans émotion, nous n’aurions pas la possibilité de nous connaître. La question n’est pas de se demander si on les aime ou non, mais plutôt de réfléchir à la façon de les accueillir pour en faire des alliés.
Les neurotransmetteurs : les messagers de nos émotions
Quand un stimulus interne ou externe accélère l’activité cérébrale, cela crée un influx nerveux qui nous permet de ressentir physiquement une émotion. Nos 5 sens captent ce stimulus. On peut éprouver de la joie en serrant son amie dans ses bras par exemple. Mais il peut s’agir uniquement d’une pensée : dans l’attente d’une personne qui est en retard, le simple fait d’y songer va entraîner de la colère ou de l’énervement envers elle. Cet influx nerveux transite dans tout le corps via des neurones qui constituent une sorte de réseau par lequel voyagent les neurotransmetteurs. Et ces derniers sont des messagers. Leur bonne circulation est donc la clé dans la perception de nos émotions.
Les principaux neurotransmetteurs impliqués dans la gestion de nos émotions sont :
- La dopamine : le neurotransmetteur de l’entrain, de la vivacité et du dynamisme. Il est le starter de notre journée et également responsable de l’acuité intellectuelle. Son précurseur est la tyrosine.
- La sérotonine : c’est le neurotransmetteur de la joie de vivre. Indispensable à la régénération et à la sérénité. Il sert également à équilibrer les effets de la dopamine en favorisant la prise de recul. Son précurseur est le tryptophane.
- La noradrénaline : elle stimule l’estime de soi et intervient dans le processus de concentration. Comme la dopamine, son précurseur est la tyrosine.
- L’acétylcholine : neurotransmetteur de la mémoire et de la créativité. Son précurseur est la choline.
- L’acide gamma-aminobutyrique (GABA) : il contrôle le niveau de stabilité et d’anxiété.
Que nous ayons un déficit ou un excès de ces neurotransmetteurs, cela va créer un dérèglement dans l’organisme qui pourra alors être à l’origine d’une modification du comportement. En naturopathie, on veillera donc à l’apport suffisant des précurseurs de ces neurotransmetteurs et de leurs cofacteurs (sortes de petites clés indispensables à la transformation des précurseurs en neurotransmetteurs). Mais on fera attention aussi aux différentes causes responsables de leur déséquilibre.
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L’influence de nos émotions sur notre vie
Les émotions sont complexes. Voilà pourquoi on a parfois du mal à comprendre nos réactions. Et surtout, elles ne sont pas uniquement liées au présent. Elles sont en relation avec le passé, avec notre histoire, avec notre vécu, ce qui rend leur décodage d’autant plus compliqué.
En psychologie, on parle de deux routes possibles pour les émotions, qui font l’objet d’un grand débat dans la science. La théorie de William James (1842-1910) voudrait que la première perception se fasse dans le corps et que la cognition vienne après. À l’inverse, certains cognitivistes disent qu’on évalue d’abord une situation, qui se transforme en pensée de l’esprit et que seulement face à cette pensée le corps réagit. Mais si on est pragmatique, sachant qu’une émotion arrive en quelques millièmes de secondes, imaginer que nous pouvons les contrôler n’est pas réaliste.
Mais revenons à l’influence de ces émotions sur notre vie. Que ce soit son premier point d’entrée ou non, une émotion impacte forcément le corps physique. Ce processus est facile à comprendre, nous en avons tous fait l’expérience : lorsque des larmes coulent sur nos joues face à une situation triste par exemple, ou quand on se met à rougir de honte, ou à serrer les dents de colère. Sa manifestation physique va donc devenir perceptible aux yeux des autres. Là où ça se complique, c’est que dans notre société moderne nos émotions trouvent difficilement leur place. Même si les choses tendent à évoluer, il y a encore dans l’inconscient collectif l’idée qu’il est « mal » de ressentir des émotions dites « négatives » comme la peur, la tristesse, la colère… Ces croyances limitantes nous amènent à refouler nos émotions. Dans le livre « Les compétences émotionnelles », on apprend que les personnes qui perçoivent les émotions comme des freins à leur bien-être et qui en souffrent au quotidien sont souvent celles qui les répriment ou qui les empêchent de s’exprimer. Or, une émotion refoulée peut vite devenir très dure à gérer, car vouloir la contrôler c’est décupler ses effets. Effets qui peuvent être immédiats ; on le voit dans des élans de colère par exemple, ou lorsque l’on ne s’autorise pas à pleurer et que la tristesse grandit. Mais cela peut aussi créer des bombes à retardement. L’émotion surgit alors comme une « éruption » violente en décalage dans le temps. Elle reste « stockée » dans le corps et sera à l’origine de blessures ou de pathologies. Pour éviter d’en arriver là, la compétence clé à maîtriser est l’accueil des émotions.
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Accueillir ses émotions et développer une intelligence nouvelle
Les bénéfices à accepter ses émotions
Lorsqu’on comprend que les émotions sont utiles, qu’elles ont un rôle fonctionnel, il est beaucoup plus facile de les accepter. Ce sont des messagères, un peu comme des panneaux d’informations. Elles nous donnent des indications sur comment nous devons réagir face à telle ou telle situation. Une émotion qui peut paraître négative comme la colère ou la peur nous parle en fait de ce qui est important. Adopter une autre lecture de nos émotions est donc primordial. C’est en choisissant ce regard que l’on pourra avancer.
Reconnaître et nommer ses émotions apporte de nombreux bénéfices :
- une meilleure connaissance de soi, une connexion à son bien-être intérieur
- Une diminution des crises d’angoisses, accès de colère, crises de panique
- une plus grande familiarité avec la nature de notre paysage émotionnel et la façon dont nos émotions se présentent.
▶ À lire aussi : Comment réduire le stress et l’anxiété ?
3 pistes pour accéder à l’indépendance émotionnelle :
👉 1- Reconnaître ses émotions et les accepter. Pour cela, on essaye de se détendre et de laisser l’émotion nous traverser qu’elle soit agréable ou non. La plupart du temps, le simple accueil va faire diminuer l’intensité de l’émotion qui va peu à peu disparaître.
👉 2- Visualiser où et comment elles se manifestent physiquement. L’idée est de se demander à quel endroit du corps s’exprime cette émotion et ainsi l’aider à s’extérioriser.
👉 3- Réagir de façon adaptée. Pour cela il existe notamment une méthode décrite par une Américaine, Brooke Castillo, qui est coach de vie professionnelle. C’est une technique très intéressante lorsque l’on se sent submergé par une émotion. Dans son approche, elle décrit l’articulation entre les circonstances de la vie, qui sont parfaitement neutres, et les pensées qui nous viennent à leur sujet. Pour la mettre en pratique, il suffit de décortiquer une situation en 5 éléments fondamentaux pour comprendre ce qui se passe dans notre esprit :
- circonstances : il s’agit de décrire les faits, sans jugement ;
- pensées : on note ici nos pensées au sujet de ces circonstances ;
- émotions : on décrit nos ressentis intérieurs ;
- action : on indique de quelle façon on réagit par rapport à cette émotion ;
- résultat : on observe ce qu’on obtient à la suite de cette action.
Décomposer une situation de cette façon-là nous montre que notre réaction n’est pas une fatalité. Elle est le fruit de nos pensées. Et nous pouvons, à tout moment, modifier ce résultat en agissant, non pas sur les circonstances qui sont indépendantes de notre volonté (exemple : il pleut) mais sur l’enchaînement des pensées, des émotions et des actions qui en découlent.
Ce concept simple nous conduit à l’indépendance émotionnelle. En effet, en regardant nos pensées, en étant conscient de ce qui traverse notre esprit, on est à même d’adapter nos réactions. On le vit non plus comme un frein mais comme un élan.
▶ Si la méthode vous intéresse, je vous conseille d’écouter les podcasts de Clotilde Dusoulier (en français) et de Brooke Castillo (en anglais) qui proposent différents outils pertinents pour prendre conscience du lien entre nos émotions et nos actions.
Ce qu’il faut retenir
Pour obtenir un bon équilibre dans sa vie intérieure, il est indispensable d’accueillir toutes les émotions qui se présentent, qu’elles soient agréables ou désagréables. Il est ensuite important de les nommer et d’essayer de visualiser leur passage dans le corps. Si on observe des tensions se créer à certains endroits, pourquoi ne pas avoir recours à du yoga ou des étirements pour les aider à s’exprimer ? Et enfin, on peut adopter la méthode du modèle de Brooke Castillo pour aller plus loin dans la gestion de situations difficiles de notre quotidien.
Article co-écrit avec Emilie Gauvrit, naturopathe.
Qui suis-je ?
Isabelle Le Brun, naturopathe, professeure de yoga et créatrice du programme Souveraines.
Je vous accompagne sur Vannes et en ligne pour mieux vivre vos émotions, être pleinement dans votre corps et en harmonie avec votre cycle menstruel.
Sources
– Kotsou, I., Nelis, D., Mikolajczak, M., Quoidbach, J. (2020). Les compétences émotionnelles. France : Dunod.https://www.google.fr/books/edition/Les_comp%C3%A9tences_%C3%A9motionnelles/QaTODwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0
– Haag, C. (2019). La Contagion émotionnelle. France : Albin Michel. https://www.google.fr/books/edition/La_Contagion_%C3%A9motionnelle/kreODwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0
– https://www.researchgate.net/profile/Philippe-Vernier/publication/266605940_Le_role_majeur_des_emotions/links/54fd5ba90cf20700c5eb42bc/Le-role-majeur-des-emotions.pdf
– VAN HOOREBEKE Delphine, « La gestion des émotions au travail : une revue vers une nouvelle conception du management », Humanisme et Entreprise, 2008/4 (n° 289), p. 81-103. DOI : 10.3917/hume.289.0081. URL : https://www.cairn.info/revue-humanisme-et-entreprise-2008-4-page-81.htm
– Lenoir, F. (2017). Le miracle Spinoza : Une philosophie pour éclairer notre vie. France : Fayard. https://www.google.fr/books/edition/Le_miracle_Spinoza/5n86DwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=0
– James, W. (2006). La Théorie de l’émotion. France : Editions L’Harmattan. https://www.google.fr/books/edition/La_Th%C3%A9orie_de_l_%C3%A9motion/R_aarJ5ItwMC?hl=fr&gbpv=0·
– https://www.universalis.fr/encyclopedie/psychologie-des-emotions/3-l-emotion-est-elle-une-reaction-corporelle/
– Podcast Oui Change ma Vie de Clotilde Dusoulier https://changemavie.com/episodes/modele
– Podcast The Life Coach School Podcast de Brooke Castillo https://thelifecoachschool.com/podcast/