Cycle Menstruel et Système Immunitaire : Quelle Influence ?

En tant que naturopathe spécialisée en santé de la femme, il me semblait indispensable de vous parler du lien entre le cycle menstruel et le système immunitaire. Avez-vous déjà remarqué que vous tombiez plus malade à certains moments, par exemple pendant vos règles ? L’immunité, sous l’influence des hormones féminines, fluctue tout au long du cycle et c’est ce que je vais vous expliquer dans cet article.

Les bases de l’immunité

Une seule page ne suffirait pas à l’expliquer, mais le but ici est de vous donner les clés pour faire le lien entre votre cycle menstruel et l’immunité. Pour faire simple, le système immunitaire, c’est le défenseur de votre organisme. Imaginez un château fort avec différentes lignes de sécurité (douves, murailles, porte blindée, soldats) qui iront de l’extérieur vers l’intérieur de votre corps : mucus, peau, muqueuses, lymphe, sang, liquide extracellulaire, cellule. Votre système immunitaire peut être divisé en trois grandes catégories :

L’immunité innée

Celle que nous possédons dès la naissance. C’est le premier barrage, et il comprend deux lignes de défense :

  • En externe : la peau, les muqueuses et les sécrétions telles que le mucus, la salive, les larmes, le suc gastrique.
  • En interne : plusieurs types de cellules (macrophages, neutrophiles, monocytes) et de plusieurs sortes de protéines (cytokines, interférons, complément).

L’immunité innée permet une réponse contre les agents infectieux de façon immédiate, d’où son nom. Peu importe l’attaque, elle élimine tout ce qui lui semble mauvais ! Elle contient les globules blancs appelés aussi phagocytes. Si au bout de 96 h le pathogène (virus, bactérie, champignons) n’est pas détruit, c’est l’immunité acquise qui prend le relais. Justement, voyons tout de suite en quoi elle consiste.

L’Immunité acquise

Nos intrus ont passé les douves, la muraille, ouvert la porte et se retrouvent dans la cour du château. Autrement dit, ils ont désormais pénétré votre organisme. Contrairement à l’immunité innée, elle offre une protection plus tardive, mais plus durable.

Vous forgez votre immunité acquise toute votre vie, en rencontrant les microbes. Elle comprend les lymphocytes B et T et les anticorps qui se sont développés en réponse à l’infection.
Elle entraîne deux types de réponses immunitaires :

  • l’immunité humorale (dans les liquides du corps : lymphe, sang…) ;
  • l’immunité cellulaire (dans les cellules).

L’Inflammation

Ce sont vos petits soldats. Lorsque votre corps est blessé ou exposé à des substances étrangères, telles que des bactéries, votre système immunitaire déclenche une réaction inflammatoire. L’inflammation aiguë aide à protéger les tissus et augmente le nombre de cellules immunitaires pour traiter une infection ou une plaie. C’est quand elle devient chronique que cette inflammation est nocive et peut entraîner des maladies.

Quand on parle système immunitaire, on pense aussi aux intestins. À l’intérieur, nous avons des tissus qui s’appellent GALT (pour tissu lymphoïde intestinal) et il représente plus de 70 % de notre immunité. D’où l’importance de l’alimentation, pour éviter les déséquilibres du microbiote.

Est-ce que l’immunité baisse pendant les règles ? Est-on plus à risque de tomber malade à certaines phases du cycle ? Je vous livre les réponses tout de suite.

L’influence du cycle menstruel sur le système immunitaire

📌 Les menstruations : une inflammation accrue

Le premier jour de votre cycle correspond au premier jour de vos règles. Durant cette phase, les hormones sont au plus bas et c’est là que les prostaglandines entrent en jeu. Ce sont de petites molécules qui permettent à votre endomètre de se désintégrer petit à petit et c’est ce qui forme le sang que vous retrouvez pendant vos règles. Les prostaglandines peuvent être pro-inflammatoires ou anti-inflammatoires. Ici, elles sont de type 2, c’est-à-dire inflammatoires.

Mais tout est affaire d’équilibre. On l’a vu, c’est l’inflammation qui permet à l’organisme de combattre les éléments pathogènes qui pourraient l’attaquer. Mais si vous avez contracté un virus quelques jours avant, les prostaglandines présentent pendant les menstruations vont venir aggraver les choses. Bien sûr, l’hygiène de vie a aussi son rôle à jouer : alimentation et manque de repos peuvent accentuer le phénomène. Si vous rajoutez à cela un peu de stress, bim, bam, boom, la grippe, c’est pour vous !

📌 La phase folliculaire : une meilleure protection contre les infections

Sous l’influence de l’hormone appelée la FSH, les taux d’œstrogènes remontent progressivement afin de permettre aux follicules de maturer. Et justement, votre corps met tout en oeuvre durant cette étape pour favoriser une grossesse.

Les niveaux d’anticorps seront plus élevés afin d’avoir une réponse inflammatoire accrue, ce qui vous rend moins sensibles aux infections durant cette phase. Par contre, si vous êtes sujette aux allergies, elles peuvent aussi flamber à cette période.

Notez que si votre système immunitaire répond de façon intense aux infections, il peut également réagir de la même manière contre les cellules de votre corps et finir par s’attaquer à lui-même. C’est pourquoi les personnes avec un taux élevé d’œstrogènes (type endométriose) seront plus sujettes aux troubles auto-immuns ou aux maladies chroniques.

▶ À lire aussi : l’endométriose, une maladie qui ne cesse d’augmenter

📌 L’ovulation : une plus grande vulnérabilité aux infections

Votre corps n’a qu’une obsession : favoriser une grossesse (eh oui, nous sommes une espèce reproductrice).

L’ovulation correspond au pic du niveau d’œstrogènes, suivi d’une baisse considérable. Les œstrogènes sécrétées en première partie de cycle ont permis de faire grandir les plus beaux follicules. Et ils doivent désormais être fécondés. Pour cela, votre système immunitaire diminue pour laisser passer plus d’intrus, notamment les spermatozoïdes. Le but, c’est que vos cellules immunitaires n’attaquent pas l’ovocyte potentiellement fécondé.

Mais moins d’œstrogènes = moins de réponse immunitaire. Vous l’aurez compris, cela donne en même temps l’opportunité aux bactéries et aux virus d’envahir plus facilement le corps. Vous êtes donc plus susceptible de souffrir d’infections en milieu de cycle.

📌 La phase lutéale : l’influence de la progestérone sur votre immunité

La phase pré-menstruelle précède les règles. Le système immunitaire va diminuer pour faire en sorte que s’il y a fécondation, le foetus ne soit pas considéré comme un intrus et rejeté. C’est la progestérone, l’hormone de reproduction, qui permet sa bonne implantation. Une étude publiée en 2017 suggère un lien entre la progestérone et la baisse du système immunitaire.

Dans tous les cas, limitez au maximum le stress, car la progestérone rentre en compétition avec le cortisol (l’hormone du stress). Cet état d’anxiété crée aussi de l’inflammation, ce qui peut entraîner un syndrôme pré-menstruel (SPM) quelques jours avant les règles : douleurs au ventre, aux seins, migraines, etc.

Vous avez du mal à reconnaître les différentes phases de votre cycle ? Découvrez le programme en ligne Souveraines, pour apprendre à observer, comprendre et équilibrer votre cycle !

Nous avons vu que le système immunitaire fluctue en fonction des hormones féminines. Mais alors, comment faire pour remonter l’immunité quand elle est au plus bas ? Je vous livre tout de suite mes astuces de naturopathe.

4 conseils pour booster votre immunité de façon naturelle

1. Prendre soin de votre microbiote intestinal

L’intestin est notre deuxième cerveau. Pour restaurer votre flore digestive et donc les bactéries « amies » qui la constituent, voici les ingrédients que vous pouvez consommer :

  • Les aliments riches en prébiotiques : ail, oignon, agrumes, kiwis, asperges, poireaux, graines de lin et de chia, orge, avoine.
  • Les probiotiques : yaourts, boissons fermenté (kéfir, kombusha), cornichons et légumes lacto-fermentés, choucroute.

Misez aussi sur les fruits et légumes riches en vitamine C (orange, brocolis, pamplemousse, chou-kale). Profitez également des fruits de mer et des petits poissons gras, riches en zinc, et en oméga 3. Et pour avoir votre dose de sélénium quotidienne : 1 noix du Brésil par jour !

2. Apprendre à respirer

Ça peut sembler banal, mais notre capacité à nous oxygéner correctement entraîne mille et un bienfaits.

Respirer consciemment 5 minutes par jour est bien plus efficace que 1 h 30 une fois par semaine (c’est comme pour le sport !). Car c’est dans la régularité que se font sentir les bénéfices à long terme.

Voici donc certains de ses supers pouvoirs :

🎇 réguler la tension artérielle ;

🎇 soutenir le système immunitaire et hormonal ;

🎇 apaiser le système nerveux ;

🎇 équilibrer la cohérence entre tous les systèmes de l’organisme ;

🎇 améliorer la réponse au stress ;

🎇 harmoniser le rythme circadien (lever et coucher).

Et bien d’autres effets encore !

Je vous propose un exercice, la respiration carrée, que vous pouvez pratiquer à n’importe quel moment de la journée. Chacune des étapes se fait sur 4 temps :

  • 1. inspirez ;
  • 2. bloquez votre souffle, poumons pleins ;
  • 3. expirez ;
  • 4. retenez votre respiration, poumons vides.

Répétez plusieurs séries, en fonction du temps dont vous disposez.
Les inspirations et les expirations de même durée vont permettre d’équilibrer le système nerveux. N’attendez pas de trouver le moment parfait ou l’application idéale, vous pouvez commencer dès maintenant, avec cet entraînement tout simple !

3. Limiter le stress

Parlons stress, sujet ô combien traité dans les médias, sur le web, partout. Il suffit de faire un tour chez votre buraliste préféré pour vous en rendre compte : « Comment ne pas être stressé ? Comment ne pas stresser ? Êtes-vous stressé ? Mais apprenez donc à déstresser ! »

Je vous parle ici du stress dit « négatif », celui qui impacte votre corps. S’il est répété, il devient délétère pour votre système immunitaire. Le schéma ci-dessous vous raconte comment votre corps prend en charge un stress ponctuel qui devient chronique, jusqu’au stade de l’épuisement.

Schéma montrant l'impact du stress sur le corps

Voici quelques conseils simples que vous pouvez appliquer facilement au quotidien :

  • Buvez un verre d’eau toutes les heures, le cerveau en a besoin, mais cela permet également de dissoudre le cortisol (hormone du stress produite par nos surrénales).
  • Évitez tous les excitants : café, thé, alcool et privilégier les bons acides gras (noix, lin, colza et petits poissons).
  • Pratiquez la méditation de pleine conscience et le yoga afin de vous procurer des moments de calme dans la journée. Avec de la régularité, vous apprendrez à vous reconnecter à votre corps et vous détacher du mental.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire mon article complet sur « Comment réduire le stress et l’anxiété ? »

4. Se complémenter

En naturopathie, les compléments alimentaires sont là uniquement lorsque l’organisme est déséquilibré et que l’hygiène de vie ne suffit pas à améliorer les choses.

Voici une liste non exhaustive, que pourrez personnaliser avec un.e naturopathe :

  • L’échinacée, une plante qui augmente l’activité des cellules immunitaires. Elle se prend en teinture mère, 5 jours par semaine avec arrêt le week-end ou 3 semaines par mois maximum.
  • Le thym, un antibactérien puissant. Il se consomme en décoction : 1 tasse le matin ou 3 en curatif.
  • L’extrait de pépin de pamplemousse, une préparation aux propriétés antimicrobiennes, immunostimulantes et antioxydantes. La dose est de 20 gouttes par jour en prévention ou 30 gouttes 3 fois par jour en curatif.
  • Les probiotiques, pour renforcer l’immunité qui se trouve à 70 % dans nos intestins.
  • La vitamine D, un immunomodulateur. Vous pouvez prendre 2000 à 4000 unités par jour.
  • La vitamine C liposomale, pour son action antivirale. L’indication est de 500 mg une fois par jour ou deux si vous êtes malade.

Alors, aviez-vous déjà remarqué ce lien entre votre cycle menstruel et votre système immunitaire ? N’hésitez pas à me partager votre avis sur Instagram ! Et si vous souhaitez être accompagnée pour soutenir votre immunité, je propose des consultations en naturopathie.

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