Post-partum & dépression : quelles solutions pour aller mieux ?
La dépression du post partum est un trouble qui touche de nombreuses mères (mais aussi des pères) et qui survient après la naissance de leur bébé. Les symptômes varient en fonction de l’intensité du trouble et peuvent survenir à n’importe quel moment au cours de l’année qui suit la naissance de l’enfant. En France, on compte environ 10 à 20% des femmes qui sont touchées par la dépression après un accouchement, toutes cultures et catégories sociales confondues [1].
La lecture de ces chiffres nous amène à nous questionner sur les causes de ce trouble qui touche un grand nombre de jeunes mères. Mais également de savoir comment reconnaître si nous sommes touchées par cette dépression ? Est-ce différent du baby blues ?
Nous verrons dans cet article comment reconnaître les symptômes qui doivent alerter et comment l’accompagnement au travers de la naturopathie peut aider à traverser cette phase de la vie d’une femme qu’est le post-partum.
Sommaire :
Comment reconnaître la dépression du post-partum ? Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?
Quelles sont les causes de la dépression post partum ? (facteurs de risque)
Comment prévenir la dépression du post partum grâce à la naturopathie ?
Comment reconnaître la dépression du post-partum ? Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?
Toutes les mères vivent des changements extrêmement intenses à la suite de l’arrivée de leur enfant. Elles doivent faire face à un tsunami d’émotions fortes auxquelles s’ajoutent la fatigue et la découverte de leur nouvelle vie de mère. Ce chamboulement est normal chez la plupart des jeunes mamans qui viennent d’accoucher. Mais alors comment voit-on arriver la dépression du post partum ?
La dépression post partum se définit comme un trouble anxieux et dépressif qui perdure au-delà d’une dizaine de jours et qui s’accompagne d’une douleur morale forte. Elle est à différencier du baby blues qui est passager et généralement plus léger. Ce dernier touche environ 80% des femmes et a souvent lieu entre le 3ème et le 7ème jour lors du changement hormonal brutal.
Les symptômes de dépression du postpartum peuvent être semblables à ceux de la dépression générale. Voici les signes qui doivent alerter :
- Extrême tristesse
- Sautes d’humeur
- Pleurs très fréquents
- Troubles du sommeil : insomnie ou au contraire hypersomnie
- Perte d’appétit ou au contraire suralimentation
- Irritabilité et colère extrêmes
- Céphalées, courbatures et douleurs du dos
- Fatigue extrême
- Angoisses irréalistes au sujet du nourrisson ou au contraire, un désintérêt pour lui
- Un sentiment d’être incapable de prendre soin de l’enfant ou de ne pas être une bonne mère
- Peur de la mort
- Idées suicidaires
- Anxiété ou panique
Typiquement, la dépression du post-partum perturbe la capacité des jeunes mamans à s’occuper d’elles-mêmes et de leur nourrisson. Les autres symptômes ne se déclarent généralement pas tous en même temps. Ils s’installent souvent insidieusement pour finir par occuper le quotidien des femmes atteintes de ce trouble.
Sans prise en charge, la dépression du post-partum peut devenir chronique. Le risque de récidive est d’environ 1 sur 3 à 4. Elle peut aussi dégénérer et se transformer en ce que l’on appelle « la psychose du post-partum » Cette forme est rare mais c’est aussi la plus grave. D’où l’importance de se faire accompagner pour prévenir et éviter l’aggravation des symptômes.
Quelles sont les causes ou les facteurs de risque de la dépression du post partum ?
Les études à ce sujet sont unanimes, la dépression du post-partum ne serait pas liée à une cause unique mais plutôt à une combinaison de facteurs.
Pour bien comprendre les causes, il faut rappeler que la mise au monde d’un enfant est un processus à la fois merveilleux et bouleversant. La grossesse comme l’accouchement sont des épreuves tant pour le corps que pour le mental. Les femmes subissent de nombreux changements hormonaux, physiques, émotionnels et psychologiques.
Sur le plan émotionnel, les femmes sont traversées par une avalanche d’émotions fortes passant par la joie, la peur, le doute, l’impatience…etc qui provoque un sentiment de perte de contrôle qui peut donner le vertige. Sur le plan physique, il n’est pas toujours simple de voir son corps changer, d’autant plus que ces changements sont rapides et ne laissent pas toujours le temps à la femme d’apprivoiser ses nouvelles formes. Après l’accouchement, le corps paraît vide, tant d’un point de vue énergétique que physique et il faudra du temps avant de retrouver sa place dans ce nouveau corps de mère. Certaines femmes le décrivent même comme un deuil ; faire le deuil de son corps de femme pour laisser la place au corps de mère.
Sur le plan physiologique, les changements hormonaux, le manque de sommeil ou encore l’épuisement vont venir accentuer le fait de se sentir submergée et dépassée par ce changement de vie brutal lié à l’arrivée du bébé.
Au-delà de ces causes, certains chercheurs ont identifié des facteurs de risques qui joueraient un rôle clé dans l’apparition de la dépression. Le premier facteur de risque décrit dans l’étude de Abdollahi et Al. serait les antécédents de dépression et d’anxiété. Il existe des preuves expliquant ces relations suggérant que les femmes ayant des antécédents positifs de dépression sont plus sensibles aux changements hormonaux. Cela serait lié au système de transport de la sérotonine qui serait modifié et qui engendrerait des symptômes de perte de motivation et d’entrain.
Des antécédents d’abus sexuels, des événements traumatiques ayant eu lieu pendant la grossesse et un refus de l’acceptation de l’arrivée du bébé sont également décrits comme des facteurs aggravant l’apparition de symptômes de dépression postnatale.
Enfin, d’autres sources soulignent que de nombreux autres signes peuvent induire la survenue d’un épisode de dépression post accouchement : la primiparité, un accouchement traumatisant, un entourage peu aidant (absence du second parent), des conflits conjugaux ou encore une mauvaise hygiène de vie (alimentation, sommeil…).
Attention cependant à modérer la présence de ces facteurs de risque. Ils ne sont pas une fatalité et l’observation d’un de ces facteurs n’est pas systématiquement liée à une dépression. Mais ce sont des signaux qu’il est important de connaître et d’identifier lors d’un accompagnement pour prévenir ce trouble.
Sur le plan génétique, de plus en plus de chercheurs s’interrogent sur les gènes associés à la dépression du post partum. Bien que plusieurs études [5] rapportent que les gènes en question soient très similaires à ceux identifiés dans la dépression générale, il manque encore des données précises pour pouvoir interpréter les résultats et utiliser la génétique comme outil de prévention.
Comment prévenir la dépression du post partum grâce à la naturopathie ?
Si le dialogue a tendance à mieux s’établir sur le sujet, la dépression du post partum reste un passage inquiétant pour les futures mères et leur entourage, à juste titre. Il est donc important d’avoir à sa portée quelques outils pour traverser cette période plus sereinement.
Pour prévenir la dépression des jeunes mères il est important de connaitre les symptômes mais également de détecter la détresse de la femme enceinte lors de sa grossesse. En effet, il est fréquent de voir des troubles anxieux déjà présents avant l’accouchement chez les femmes qui présentent une dépression postnatale [6]. Lors d’un accompagnement de grossesse en naturopathie, le thérapeute sensibilise la future maman et tente d’identifier la présence d’éventuels symptômes en amont de l’accouchement. Si c’est le cas, il viendra en soutien grâce à différents outils tels que l’utilisation de certaines plantes en phytothérapie ou gemmothérapie pour gérer l’anxiété dès les premiers signes d’apparition.
De plus, dans son anamnèse le naturopathe prend en compte l’environnement de la personne. Il est donc à même d’identifier les déséquilibres du mode de vie tels que l’alimentation, le sommeil, l’activité physique ou le niveau de stress qui vont impacter la grossesse et le post partum. On sait à présent que l’alimentation joue un rôle clé dans la récupération de la mère suite à son accouchement. Or s’il y a bien une période de la vie où nous n’avons pas le temps de nous occuper de nos repas et de concocter de bons petits plats équilibrés, c’est bien le post partum ! Équilibrer ses apports micro nutritionnels avant, pendant et après la grossesse sera donc un outil extrêmement intéressant pour prévenir la dépression. Un déficit en oméga-3 ou en magnésium par exemple peut rapidement engendrer un brouillard continu dans l’esprit de la jeune mère et ainsi contribuer à un post partum difficile. Une étude publiée dans la Revue canadienne de psychiatrie [4] a d’ailleurs prouvé que les risques de dépression du post-partum pouvaient être prévenus en ajustant les apports quotidiens en Omega-3 des femmes enceintes et en post-partum.
Il est également important de rappeler que depuis le 1er Juillet 2022, un entretien postnatal précoce est proposé en France pour mieux accompagner les jeunes mères dès les premières semaines qui suivent l’accouchement. Cet entretien réalisé par une sage-femme ou un médecin a pour but de repérer les éventuels signes d’une dépression mais également d’identifier si un accompagnement est nécessaire pour soutenir le couple. Cet entretien qui est pris en charge par la sécurité sociale ainsi que les informations que l’on peut trouver librement sur le site « 1000premiersjours » ont pour vocation de prévenir divers troubles du post partum dont la dépression [7].
En conclusion, il est important de retenir que « Le savoir c’est le pouvoir », donc déjà le simple fait d’être sensibiliser à ce trouble et de se faire accompagner par une personne bienveillante est le meilleur moyen de prévenir son apparition. La naturopathie de part son approche causaliste et ses nombreux outils (gemmothérapie pour les émotions, phytothérapie, réflexologie plantaire, micronutrition…) va être parfaitement adaptée pour prévenir la dépression du post partum ou accompagner les femmes qui traversent cette phase pour retrouver un mieux-être et une paix intérieure.
Sources :
Ghaedrahmati M, Kazemi A, Kheirabadi G, Ebrahimi A, Bahrami M. Postpartum depression risk factors: A narrative review. J Educ Health Promot. 2017 Aug 9;6:60. doi: 10.4103/jehp.jehp_9_16. PMID: 28852652; PMCID: PMC5561681. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5561681/
Mughal S, Azhar Y, Siddiqui W. Postpartum Depression. 2022 Jul 20. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2022 Jan–. PMID: 30085612. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30085612/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19318144/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4369539/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30085612/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4960931/
https://www.cochrane.org/CD003402/PREG_omega-3-fatty-acid-addition-during-pregnancy
[4] Shapiro GD, Fraser WD, Séguin JR. Emerging risk factors for postpartum depression: serotonin transporter genotype and omega-3 fatty acid status. Can J Psychiatry. 2012 Nov;57(11):704-12. doi: 10.1177/070674371205701108. PMID: 23149286; PMCID: PMC5173356. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23149286/
[5] Couto TC, Brancaglion MY, Alvim-Soares A, Moreira L, Garcia FD, Nicolato R, Aguiar RA, Leite HV, Corrêa H. Postpartum depression: A systematic review of the genetics involved. World J Psychiatry. 2015 Mar 22;5(1):103-11. doi: 10.5498/wjp.v5.i1.103. PMID: 25815259; PMCID: PMC4369539. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4369539/
[6] Abdollahi F, Lye MS, Zarghami M. Perspective of Postpartum Depression Theories: A Narrative Literature Review. N Am J Med Sci. 2016 Jun;8(6):232-6. doi: 10.4103/1947-2714.185027. PMID: 27500126; PMCID: PMC4960931.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5561681/