L’arrêt de la pilule en 5 questions
Vous êtes de plus en plus nombreuses à songer à arrêter la pilule. Certaines ne la supportent plus pour les effets secondaires qu’elle occasionne chez elles, certaines souhaitent réinvestir leur corps au naturel, et d’autres encore la mettent de côté afin de concevoir un enfant. Pour autant, lui dire ciao soulève en amont quelques interrogations tout à fait légitimes de votre part.
Comment savoir si la « machine » fonctionne ? Et en combien de temps est-ce que je retrouve mon cycle ?
On s’inquiète souvent de retrouver ses règles après une prise de pilule, et on traque les moindres signes de sang dans nos culottes.
Attention : ce que l’on vous invite à chercher et à observer, c’est avant tout le retour de l’ovulation, qui signera un vrai retour de vos cycles naturels et de votre fertilité.
Souvenez-vous : c’est le fait d’avoir ovulé et que cet ovule n’ait pas été fécondé qui fait surgir les règles (avec l’effondrement de la muqueuse de votre endomètre), via la production d’hormones spécifiques.
Ainsi, sans ovulation, pas de règles. Si donc vous saignez mais que vous n’avez pas ovulé dans les 14 à 16 jours en moyenne, ce sont probablement de simples saignements intermenstruels qui ne signent pas le retour de l’équilibre.
Vous allez nous dire, mais comment on sait si on a ovulé ? Des méthodes d’observation pratiques et accessibles à toutes vous permettent de le savoir, de mieux vous connaître et de reprendre le pouvoir sur votre contraception et sont développées dans mon programme Souveraines #balancetoncycle
Ensuite, la question du timing est très variable selon les femmes, et différents scénarios peuvent se produire :
- retrouver ses règles le mois suivant l’arrêt de la pilule
- mettre plus de quatre mois consécutifs à les retrouver (on parlera alors d’aménorrhée)
- certaines d’entre vous retrouvent leurs règles rapidement après la pilule puis expérimentent une pause assez longue par la suite
La naturopathie peut vous accompagner pour retrouver un cycle optimal après la prise d’un contraceptif.
Important : le chemin du retour à la santé au naturel ne se fait pas d’un claquement de doigts. Il faut accepter que réinvestir son corps demande non seulement de l’engagement de votre part vis-à vis de vous-mêmes, et puisse requérir de la patience de votre part. La conception du temps telle que nous la vivons aujourd’hui voudrait en effet que nous obtenions des résultats immédiats, alors qu’on oublie que la nature a son propre timing : il faut laisser du temps au temps, tout en demeurant dans la confiance 🙂
Quand on parvient à retrouver cet équilibre et qu’on commence à comprendre le moindre petit signal corporel, c’est une victoire énorme : celle d’être souveraine de son corps, et celle de vivre sa nature cyclique de femme, en tirant du positif de tout ce que cette nature implique.
Puis-je tomber enceinte à l’arrêt de ma pilule ?
Même s’il est fréquent pour de nombreuses femmes de connaître un cycle anarchique après avoir pris la pilule et que certaines mettent du temps à retrouver leur ovulation et donc leur fertilité, ce n’est pas le cas de toutes.
Dès lors que vous n’êtes plus protégé.e, dites-vous donc que vous pouvez tomber enceinte.
C’est pourquoi je vous invite à avoir recours à un préservatif de façon systématique tant que vous n’avez pas opté pour un autre moyen de contraception (hormonal ou non hormonal), si vous ne voulez pas de bébé.
Si vous souhaitez un enfant, alors laissez-vous la voie…libre 🙂
Quand arrêter la pilule si je veux un enfant ? Puis-je arrêter la pilule à tout moment ?
Comme mentionné ci-dessus, il est fréquent de mettre du temps à retrouver ovulation et règles après la pilule, le temps que le corps retrouve son équilibre, c’est pourquoi il serait assez optimiste de prévoir une grossesse à une date précise après l’arrêt de votre contraception. En effet, même si vous ne devez surtout pas vous convaincre que ce sera votre cas et que vous aurez à attendre longtemps (toutes les femmes sont différentes !), certaines d’entre vous connaissent une absence de règles post pilule de plus de 4 mois à 9 mois (voire plus).
Par ailleurs, bien qu’il n’y ait pas de délai spécifique à observer entre l’arrêt de votre pilule et le début des essais bébé, on vous recommande de consulter votre médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme avant l’arrêt de cette dernière pour faire un petit point sur votre état de santé (antécédents médicaux, frottis potentiel à réaliser, prise de sang et dépistages éventuels, supplémentation possible, rattrapage potentiel de vaccinations spécifiques si elles ne sont pas à jour…)
La naturopathie peut être une alliée de choix pour favoriser le retour de l’équilibre hormonal pour que le corps puisse ovuler de nouveau, et optimiser votre fertilité.
Quelle contraception après l’arrêt de la pilule si je veux éviter une grossesse ?
Je vous invite à jeter un coup d’œil aux modes de contraceptions hormonales (ici) et non hormonales (là), afin de faire le choix le plus juste pour vous. Peut-être serez-vous ainsi tentée par un stérilet en cuivre, ou peut-être vous rendrez-vous compte qu’il ne vous est pas adapté. Peut-être encore que le temps de vous décider, vous en resterez à l’utilisation (indispensable!) d’un préservatif lors de chacun de vos rapports sexuels.
Si vous avez arrêté la pilule dans le souhait de réinvestir pleinement votre corps au naturel et que vous avez envie de vous investir dans cette voie, la symptothermie peut être une piste intéressante à creuser.
Késako, en quelques mots : la symptothermie, est la méthode d’observation du cycle dite à indices combinés, c’est à dire basée sur l’observation quotidienne et rigoureuse des principaux indices de fertilité :
- la glaire cervicale, dont la texture fluctue tout le long de votre cycle en vue d’accueillir à bras ouverts de futurs spermatozoïdes… ou de rendre infranchissable le passage de ces derniers vers le col de l’utérus ! De filante, translucide à collante, pâteuse, blanchâtre… avec la symptothermie vous serez capable de percer les mystères de votre glaire !
- la température basale (température la plus basse que le corps atteint au repos), qui nous renseigne sur la proximité de l’ovulation et votre fenêtre de fertilité
Dans le cadre d’un cycle naturel, il vous est possible via leurs fluctuations diverses, de repérer rapidement vos phases fertiles et infertiles. Pour en savoir plus et vous faire accompagner sur ce chouette chemin, je vous invite à vous rapprocher de x programme.
J’ai une libido de feu depuis que j’ai arrêté la pilule, est-ce normal ?
Nombreuses sont les femmes qui évoquent le retour de leur libido après un arrêt de pilule.
Les études actuelles se contredisent quant à l’impact direct de l’arrêt de la pilule sur la libido, tout comme l’impact de la prise de la pilule elle-même sur cette dernière.
Rappelons toutefois quelques faits physiologiques :
- sous pilule oestro-progestative, vous n’ovulez pas, et ne bénéficiez pas des fluctuations naturelles de votre désir que l’ovulation amène en temps normal en vue de la reproduction
- sous pilule, la testostérone et ses dérivés (hormone androgène produite l’homme comme chez la femme, dont l’un des rôles est de réguler ovulation désir et libido, mais aussi masse musculaire ou santé des os) est maintenue relativement basse, ce qui peut expliquer votre potentiel désintérêt pour le sexe ou baisse d’attirance pour votre partenaire sous pilule
- sous pilule oestro-progestative, votre glaire cervicale est rendue impropre au passage des spermatozoïdes au niveau du col de l’utérus. La lubrification vaginale peut s’en trouver impactée, avec des sécheresses, aussi l’expérience sexuelle peut être moins agréable
Cela pourrait expliquer qu’après avoir pris la pilule des années durant, de nombreuses femmes ont l’impression de « découvrir » leur libido en arrêtant leur contraception, et s’en trouvent un peu déroutées.
En effet, la production naturelle de ces hormones androgènes coupées durant la prise de pilule peut se remettre à fonctionner en excès chez certaines femmes.
Ce n’est toutefois pas systématique, il est aussi possible de ne pas connaître de regain de désir en arrêtant la pilule.
J’ai de l’acné à l’arrêt de ma pilule, pourquoi et comment l’éviter ?
Lorsque vous arrêtez la pilule, un autre effet secondaire généralement moins chouette que la libido en hausse lié au soudain excès de testostérone, est l’acné que certaines d’entre vous expérimentent.
Il s’explique également en naturopathie par la vision de la peau comme un organe d’élimination : la pilule étant un médicament pour le corps, elle impose au foie (qui réutilise les hormones et dégrade les médicaments de synthèse) un travail de supplémentaire quotidien en plus de son travail habituel, puisque vous prenez un comprimé tous les jours.
Lorsque vous arrêtez de donner ce travail supplémentaire (le traitement de la pilule) à votre foie, ce dernier vous dit merci. Pour autant, il aura accumulé un certain temps ces molécules quotidiennes en excès, et la peau, qui est un organe d’élimination secondaire (en naturopathie elle est considérée comme un relai possible), pourra trinquer. Ainsi, une surproduction temporelle de sébum, boutons, transpiration, irritations cutanées, peuvent manifester un excès de déchets que le corps n’a pas su évacuer autrement, et sont les symptômes d’un déséquilibre intérieur que le corps tente d’ajuster. Intelligent, n’est ce pas ?
Votre naturopathe pourra vous accompagner afin d’encourager le processus de retour à l’équilibre.
Voici quelques questions-réponses à ce sujet qui j’espère vous éclaireront.
Puis-je arrêter la pilule du jour au lendemain ?
Cette question a été la première que je me suis aussi posée et si vous êtes arrivée sur cette page, c’est sûrement que vous aussi !
Il semblerait qu’aucune étude n’ait donné de réponse à cette question mais plutôt que ni l’un ni l’autre ne semble changer quoi que ce soit.
Il semble important de s’écouter et de voir ce qui nous semble le plus juste pour nous.
Pour certaines, l’arrêter du jour au lendemain n’est pas un problème alors que pour d’autres, attendre la fin de la plaquette semble préférable. Certaines auront plutôt l’élan de se sevrer progressivement en prenant un cachet un jour sur 2 puis sur 3 jusqu’à l’arrêt complet.
Sachez que la réponse est plutôt d’ordre psychologique : qu’est ce qui vous semble possible ou non ?
J’ai peur d’avoir un rebond d’acné à l’arrêt, comment êtes vous sûr que cela ne reviendra pas ?
Ce qu’il faut savoir et bien comprendre, c’est que si avant de prendre la pilule, il y avait de l’acné, cela ne veut pas forcément dire qu’il y en aura après.
La vraie question est plutôt : pourquoi est-ce que j’avais de l’acné ?
Les raisons peuvent être multiples même si l’aspect hormonal y est souvent pour quelque chose.
Lorsque nous sommes adolescentes et que le cycle menstruel se met en place, il existe des fluctuations hormonales puisque notre hypophyse, ne sécrète pas encore à dose équilibrée les FSH, LH et aussi derrière oestrogènes, progestérone et testostérone. Il est donc normal au début et on parle
Article co-écrit avec Mathilde Pingeot, naturopathe.
Sources :
Testosterone and sexual desire in women ». Davis, Susan Journal of Sex Education and Therapy 25, no. 1 (2000): 25-32
Impact of oral contraceptives on sex hormone-binding globulin and androgen levels: a retrospective study in women with sexual dysfunction ». Panzer Claudia, Sarah Wise, Gemma Fantini et al. The Journal of Sexual Medicine 3, no. A (2006): 104-113.
Amenorrhoea after discontinuing combined estrogen-progestogen oral contraceptives ». Steele, S.J., Bridgett Mason, and Ann Brett. The BMJ 4, no. 5888 (1973): 343.
Bancroft, J. (2002). Sexual effects of androgens in women: Some theoretical considerations. Fertility and Sterility, 77, 55–59.
Peters A, Mahdy H. Symptothermal Contraception. 2021 Nov 14. In: StatPearls
Cycle characteristics after discontinuation of oral contraceptives ». Goth, Christian, P. Frank-Hermann, A. Schmoll, E. Oderhart, and G. Freundl. Gynecological Endocrinology 16, no. 4 (2002): 311-313
Portner, Virginie, and Chemin des Chevalleyres. “Évolution de la contraception: De la révolution de la pilule à son désamour actuel, quelle place pour les alternatives afin d’offrir un choix autodéterminé aux femmes?.” (2019).
Burrows LJ, Basha M, Goldstein AT. The effects of hormonal contraceptives on female sexuality: a review. J Sex Med. 2012 Sep;9(9):2213-23.
Davis AR, Castaño PM. Oral contraceptives and libido in women. Annu Rev Sex Res. 2004;15:297-320.